En 2000 Sony viennent de lancer la PS2, le premier Ipod va bientôt sortir, RK n’est pas encore de ce monde mais Booba est déjà au sommet de son art en duo avec Ali et son groupe Lunatic. Ils viennent de sortir Mauvais Œil, une sublime démonstration de violence et de spiritualité qui marquera le hip-hop français à tout jamais. Suite à ce succès le (jeune) rappeur de Boulogne décide de se lancer en solo et c’est ainsi que le 22 janvier 2002 il va suspendre le temps pour nous offrir un des plus gros classiques de l’histoire du rap français : Temps mort.
« Alors je demande un temps mort parce qu’on se fait niquer au score » Temps mort – Booba
L’album est sorti en indépendant sous le label 45 Scientific, fondé par Ali, Booba, Geraldo et Jean-Pierre Seck. Le label avait été créé en 1999 suite au refus des majors de produire Mauvais Œil. Cette indépendance a toujours été revendiqué par Booba, elle lui a toujours permis d’avoir une liberté artistique et lyricale totale.
« Qu’est-ce que c’est bandant d’être indépendants » Indépendants – Booba
Grâce à cette indépendance l’album est imprégné de l’insolence et de la violence sans filtres de Booba. Il ne cherche pas à plaire au plus grand nombre et décrit une dure réalité de la vie d’un jeune banlieusard qui a vécu le trafic, le racisme et la délinquance.
Booba dépeint le portrait d’une société qui l’a rejeté dans ses plus jeunes années et dont il fini par s’écarter lui même. Il interpelle avec virulence les instances du pays ainsi que les forces de l’ordre, il a conscience de la violence de son message même s’il ne souhaiterait pas forcement que les plus jeunes s’identifient à sa musique.
« J’rappe pas pour les petits j’t’avertis » Nouvelle école – Booba
La vison de Booba est très claire, il ressent beaucoup d’amertume et de rancœur face à l’ensemble de la société et face aux conditions dans lesquelles il a grandi, il n’a plus qu’un objectif : faire du biff pour être libre et indépendant.
Sur ce 14 titres on retrouve des morceaux qui ont été l’étendard de toute une jeunesse notamment Ma définition, Le bitume avec une plume ou encore Repose en paix.
Booba nous a aussi offert des featurings d’anthologie comme Strass et paillettes avec Ali son compère de Lunatic ou encore Nouvelle école avec Mala son lieutenant de toujours. Sur l’album on découvre aussi Nessbeal sur le morceau Sans ratures, Nessbeal deviendra par la suite un poids lourd du rap français des années 2000.
18 ans après, le premier album de Booba n’a pas pris une ride et est toujours aussi flamboyant. Il a inspiré une flopée de rappeurs qui ont imité et repris les codes du Duc de Boulogne mais sans jamais l’égaler. Booba a marqué la culture à jamais : Que le hip-hop français repose en paix