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AT CLASSIQ #02 – Or Noir

Kaaris est un artiste majeur de la décennie 2010 et son premier album, Or noir, est certainement son projet le plus aboutie et qui a le plus marqué le rap français.

Après avoir été boosté par Booba en 2012 avec une apparition sur Autopsie 4 il sort sa mixtape Z.E.R.O. Mais le grand public le découvre enfin avec le fameux morceau « Kalash » en featuring avec Booba où Kaaris va débarquer le couteau entre les dents pour nous livrer un des couplets les plus mythique de la décennie.

Juste avec ce couplet Kaaris devient quasiment directement une tête d’affiche de l’époque, les gens placent en lui énormément d’attente. Kaaris va donc annoncer qu’il prépare son premier album et va envoyer quelques singles pour faire monter la sauce, notamment le fameux « Zoo ». Ce morceau est iconique de la trap de Kaaris, c’est un banger glacial et agressif. Le clip est à la hauteur du morceau, on y voit kaaris assis à la fenêtre d’une berline allemande armé d’une kalash. L’ambiance est oppressante et les gestuelles ainsi que l’attitude de Kaaris dégage une puissance surréaliste.


Le 21 octobre 2013 Kaaris sort enfin Or noir, le projet compte 17 titres d’une homogénéité impressionnante.

Sur Or noir il se connecte avec Therapy, les quatre producteurs du groupe vont lui permettre de passer à un niveau supérieur et de s’affirmer dans son univers froids aux sonorités très avant-gardistes pour le rap français de l’époque. Ce projet est le premier album de trap hardcore de l’histoire du rap français et probablement un des meilleurs albums de trap tout court que l’on a jamais entendu dans ce même rap français.

Cet album arrive à contre courant d’un rap français qui devenait de plus en plus lisse et qui cherchait à s’ouvrir à un public plus jeune. La surenchère de violence et de « sale » qu’apporte Kaaris tout au long du projet va rappeler que ce qu’il y a de mieux dans le rap c’est souvent le côté brut et street et qu’il n’est pas toujours de bon de vouloir diluer cette recette pour la rendre plus grand public.

Kaaris a aussi le sens de la formule et maîtrise plus que personne l’art de la punchline. On a tous en tête quelques phases hardcore et extrêmement exagéré voir même loufoque.


« Je m’en bats les couilles de qui rend l’âme
J’trempe mes cookies dans tes larmes » Kaaris – Zoo


« Tends-moi encore ta putain d’main j’te chie sur la paume » Kaaris – Bizon


Avec cet album, que l’on peut qualifier de « game changer », Kaaris va ouvrir la voie à d’autres rappeurs comme Gradur ou Niska qui vont suivre ce mouvement de trap hardcore.


Kaaris a aussi été très inspiré par les sonorités de Chicago et notamment par la drill de Chief Keef ainsi que pour ses gestuelles. Cependant la grande force de Kaaris a été de ne pas simplement copier ces codes américains mais de créer un univers qui lui est propre, avec ses propre gimmicks et son argot tout droit venu des quartiers de Seine-Saint-Denis. Le disque sonne donc bien français et n’est pas une pâle imitation d’une influence musicale américaine.


Suite à cet album Kaaris a renvoyé du très lourd avec un Or noir pt.II tout aussi puissant puis en moindre mesure mais tout de même très bon l’album Le bruit de mon âme mais la suite de sa carrière ne sera qu’en pente descendante. L’artiste Sevranais va effectuer un gros virage artistique qui va décevoir bon nombre de ses fans et qui nous fais regretter qu’il ne soit pas resté « Hardcore jusqu’à la mort ».
Cependant le rap français doit énormément à cet album qui a littéralement révolutionné le jeu et à ouvert de nombreuses portes à d’autres artistes. On peut aujourd’hui considérer que c’est l’album parfait de Kaaris, il ne fera plus jamais aussi bien mais l’on retiendra que ce fût peut être le meilleur album de la décennie 2010.

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