Damso revient enfin avec son nouveau projet « QALF ». L’album avait été teasé sur les réseaux depuis plus de deux ans. Il se cristallisait beaucoup de mystères autour de ce dernier, les théories en tout genre fleurissaient sur Twitter à chaque communication de l’artiste et de son entourage. C’est donc avec une attente des plus élevée que l’on retrouve Damso sur ce nouveau projet.
La pochette de QALF est extrêmement minimaliste, fond noir et texte simple. Il n’y a pas eu de réelle communication pour la sortie de l’album, mais seulement un post Instagram annonçant la sortie quelques jours avant et quelques affiches, dans le métro notamment. L’artiste bruxellois cherche à laisser parler la musique avant tout.
L’album s’ouvre avec le morceau « M.E.V.T.R », intro dans laquelle on retrouve un Damso revanchard et incisif qui nous rappelle ses débuts. La démarche musicale est très spontanée, on sent chez l’artiste une aisance et une confiance hors norme.
Les ambiances de QALF sont déconnectées de ce que l’on peut retrouver dans l’industrie musicale actuelle. La liberté artistique de Damso se ressent dans le choix des instruments. Il a construit ses prods autour d’instruments et de percussions réelles et non pas avec des VST (instruments virtuels). Cette démarche a permis d’obtenir des ambiances uniques qui permettront à l’album de durer dans le temps.
Damso s’est aussi exercé à la Drill sur « BXL ZOO », un featuring explosif avec Hamza, la jeune légende bruxelloise. Les deux artistes se complètent à merveille et mettent le feu à la prod avec des passe-passe d’exceptions.
On a aussi été marqué par la grande sensibilité de Damso sur ce projet. Il transmet des émotions fortes et est très touchant dans l’interprétation de ses écrits. Aux travers de ses écrits, qui sont d’ailleurs toujours aussi travaillés et subtils, il y a toujours au moins une double lecture. À la première écoute, on comprend une partie des messages qu’il veut transmettre, et lors de la réécoute, c’est d’autant plus intéressant puisque l’on peut s’aventurer dans les méandres les plus profonds de ses textes.
Sur le fond, Damso a aussi énormément de choses à raconter. En effet, il y a dans cet album une profonde réflexion sur notre société actuelle. Damso s’exprime énormément, et sur divers sujets comme la paternité et l’éloignement avec son fils dans le sublime « DEUX TOILES DE MER », véritable chef d’oeuvre introspectif. Mais aussi l’implication dans la relation amoureuse ou encore l’affection qu’il a pour sa mère. Il lui consacre d’ailleurs une véritable déclaration d’amour dans « ROSE MARTHE’S LOVE ». Il évoque aussi ses racines congolaises, notamment dans « POUR L’ARGENT », morceau sur lequel il chante en lingala.
Ce tissu de réflexion est noué autour d’un storytelling quasiment permanent. Cette volonté de toujours vouloir raconter des histoires, passer des messages, donne une réelle cohérence au projet.
On a énormément apprécié voir Damso autant s’exprimer artistiquement, mais aussi lyricalement. L’ambiance qui se dégage du projet est unique et nous rassure sur le fait qu’il est toujours possible de produire d’excellents albums, créatifs, qui sortent des critères très calibrés de l’industrie.